Pourquoi partir ?

Pourquoi partir ?

Partir à l’aventure, à la rencontre d’autres cultures, de réalités autres que celles auxquelles nous sommes quotidiennement confrontés.. Pourquoi ?!
Par son témoignage, un missionnaire spiritain nous éclaire quant aux raisons qui nous poussent au départ, et la manière de l’aborder pour que cette expérience porte en nous du fruit en abondance :

Des préjugés à la rencontre

Partir en volontariat c’est oser faire le premier pas de la rencontre ! Les actualités nous saoulent bien souvent d’images, d’idées et d’a-priori sur les peuples que nous pouvons découvrir. Si certains renseignements sont utiles, d’autres nous paralysent ! A nous donc d’oser faire le pas de la rencontre directe des personnes (enfants, femmes, hommes) pour expérimenter avec elles un lien direct de fraternité : tu es mon frère !Au-delà de toute frontière nationale, religieuse ou culturelle un dialogue est possible. Oui, ce dialogue nécessite du temps, de la persévérance, de la parole et de l’écoute, des remises en cause… Tout dialogue nécessite un mutuel apprivoisement. En cela le dialogue emprunte les mêmes chemins, faits d’estime de l’autre et de respect de soi, que ceux de l’amitié ! Partir en volontariat n’a pas tant pour but d’apporter des techniques que de permettre des rencontres gagnants-gagnants qui posent des ponts de fraternité entre les hommes.

Dialogue interreligieux

En matière de religion nous sommes souvent pris entre deux positions extrêmes : soit elles sont accusées de tous les maux, notamment d’intolérance et de violence, soit elles sont vues comme portant des valeurs communes de justice, de paix et d’harmonie.

Ma confrontation à d’autres croyants m’a fait apparaître que chaque doctrine religieuse a sa cohérence, son histoire, ses succès et ses échecs. Mais les religions sont aussi ce que les croyants en font ! Comme disciple de Jésus, je considère que son appel « tu aimeras ton prochain comme toi-même » m’expose à ceux qui ne font pas spontanément partie de mes cercles d’appartenance. Il y a là un risque et une grâce ! Le risque d’une perte de repère ou d’incompréhension, de découvrir d’autres croyants équilibrés et parfois heureux, le risque même d’interrogations nouvelles pour ma foi et mes sécurités. Grâce aussi d’accueillir du neuf, d’être renvoyé à mes convictions, à devoir les expliquer et parfois même d’avoir à les justifier ! Grâce aussi de découvrir une commune action de Dieu au cœur de l’homme, en moi et en ceux que Dieu lui-même me dévoile peu à peu comme des frères et sœurs, égaux et différents.

Photo : Monastère de Tibhirine – Algérie

Un voyage intérieur

L’expérience d’un temps de volontariat à l’étranger offre une occasion unique de réviser nos cadres de pensée et nos choix de vie. Le voyage géographique s’accompagne souvent d’un déplacement intérieur qui nous oblige à repositionner nos convictions, parfois en s’orientant même selon de nouvelles directions, selon de nouvelles priorités ! Ce voyage interroge notre rapport au religieux. Nous sommes en effet beaucoup plus profondément formatés selon un cadre historique et social de « laïcité à la française » que nous n’osons l’imaginer. Dès lors la confrontation à des sociétés où le religieux peut être omniprésent dans la vie sociale et la vie publique nous déboussole entraînant rapidement une saturation pour certains… et une envie de s’y fondre pour d’autres ! Comme dans toute rencontre il convient de s’enrichir de cette rencontre et de cette découverte tout en sachant raison garder : s’ouvrir à l’autre sans se renier soi-même. Cet équilibre ne se fait pas en un jour. Or Dieu place sur nos routes ces « autres », lointains et frères en humanité, pour nous transformer davantage à son image, grâce à eux !

Marc Botzung – Missionnaire spiritain