De retour depuis quelques semaines d’Haïti, où je suis partie pendant deux mois (février –avril 2012) grâce à Opération Amos, je garde les odeurs, paysages, et visages de gens que j’ai rencontré dans mon esprit.
Ce voyage aura marqué une étape dans ma vie.

Ce fut une expérience humaine, médicale et culturelle, au-delà de ce que j’avais imaginé en partant, dans ce pays à la réputation de pauvreté, de violence, et d’ instabilité politique.
J’ai été accueillie au sein de la congrégation des sœurs du Saint Esprit, dans leur modeste maison en haut de Montagne Lavoûte, au coeur de la population rurale d’Haïti ; j’ai vécu pendant mon séjour au rythme de leurs prières et activités quotidiennes.
Mes études dans le domaine médical, m’ont amené à suivre la sœur qui s’occupe du dispensaire, et à participer aux soins des enfants, femmes enceintes, vieillards, handicapés, et de l’ensemble de la population des environs.

Fascinée de découvrir au fil des semaines le sourire et de la bonne humeur spontanée des Haïtiens, leur sens de l’accueil extraordinaire et leur contact naturel ; fascinée de découvrir l’histoire de leurs ancêtres et de leur pays, imprimés sur leur visages, dans leurs cœurs, et dans leurs réactions, parfois incompréhensibles de notre point de vue d’occidentaux. Les blessures des anciens esclaves qui teintent leur culture, un pacifisme hors pair, et un amour de la musique, de la danse et des arts, voilà ce que je retiendrai de ces gens. Ils m’ont émue, m’ont transmis l’amour de leur pays, et j’espère leur avoir apporté autant qu’ils m’ont appris.

J’aimerais parler aussi des sœurs missionnaires dont j’ai partagé la vie pendant ces deux mois, car c’est avec respect et admiration que j’ai pu découvrir leurs convictions et leur foi insatiable, leur lutte quotidienne en dépit du manque certain de moyens, de la fatigue et des différences culturelles. Ces femmes m’ont transmis leur amour des gens et leur croyance profonde en l’humanité, elles m’ont soutenue pendant mon séjour lorsque le moral flanchait, m’ont fait rire, pleurer, m’ont serrée dans leur bras, m’ont guidée, et m’ont fait redécouvrir les fondements de la religion catholique, ma religion, que je connaissais si mal.

Ce voyage m’aura appris la tolérance, l’amour des gens dans leur plus grande différence, et que la curiosité est une force qui balaie tous les a priori et permet un premier pas vers nos rêves les plus utopiques.

Julia Ripaud-Cadiou, mai 2012