Nouvelle de Mathilde, en volontariat à Douala (Cameroun)

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Après un mois passé ici, j’ai déjà découvert tellement de choses ! La vie est vraiment différente, au niveau politique, culturel, religieux, temporel… Je n’avais pas vraiment réalisé ce que j’allais vivre. Je suis donc dans le foyer Saint Nicodème de Pk24 à Douala, avec une quarantaine d’enfants qui viennent de la rue. Certains ont fui leur famille ou la guerre, d’autres se sont fait mettre à la porte. Ils ont passé quelques semaines ou plusieurs années à la rue. Tous ces enfants ne sont plus vraiment des enfants, ils ont vécu des choses trop dures pour garder leur innocence. Le foyer accueille aussi un ancien alcoolique, un ancien drogué et un drogué en cours de guérison. C’est beau de voir toutes ces têtes brûlées ensemble à la messe.

J’ai été invitée à un mariage musulman à Koutaba, c’était une riche expérience. Que ce soit au niveau du voyage pour y aller et revenir, ou pour le mariage à la mairie et le mariage traditionnel.

Et sur place, au foyer : c’est très agréable d’être en pleine nature, coupé de tout et de prendre le temps de vivre. Il y a du soleil tous les jours, et nous avons l’occasion de profiter pleinement de la présence de l’autre

La vie au quotidien : j’ai la joie de pouvoir passer du temps avec tous ces garçons, de me sentir utile en les aidant pour leurs devoirs ou en leur apprenant à lire et écrire chaque jour. Certains se confient un peu, et même si je sais qu’il y a beaucoup d’inventions dans leurs récits c’est tout de même un bon moment puisque nous échangeons.

Avec tous ces échanges, je prends peu à peu conscience de la dureté de la vie ici : sur beaucoup de points j’ai l’impression de me retrouver des centaines d’années en arrière : au moment du Moyen Âge où l’on coupait la main des voleurs ou on les brûlait vif, où les habitants règlent leurs problèmes eux-mêmes en se battant ou en s’entretuant, où les prisonniers ont moins de droit que les animaux, où toute cette culture de la sorcellerie est au cœur de la vie de beaucoup, etc.

Les difficultés rencontrées : je suis la seule blanche que j’ai vu depuis un mois, et c’est dur par moment de ne pas pouvoir partager avec quelqu’un qui ait la même manière de penser, avec les mêmes codes. Au niveau de la sécurité, je sens que je suis une cible pour les voleurs où que j’aille, je dois en permanence faire attention à mes affaires. Tout tourne beaucoup autour de l’argent et des relations et c’est parfois un peu pesant.

En étant sur place, je me rends vraiment compte de la pauvreté qui existe ici, de la difficulté des routes, de l’absence d’électricité et d’eau, du manque de confort. Je réalise encore plus la chance que j’ai d’être française et catholique. Je suis heureuse de pouvoir vivre tous ces moments.

Mathilde, novembre 2019

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