Haïti – Retour aux sources

L’arrivée à Port-au-Prince

Après 17 ans (Caroline a partiellement des origines haïtiennes, d’où le titre de son récit et l’évocation de souvenirs d’enfance – NDLR), beaucoup d’émotions à mon arrivée à Port-au-Prince. L’aéroport est beaucoup plus petit que dans mes souvenirs. Après cette joie d’être enfin à Haïti, un gros coup de stress. Je suis toute seule et je me fais alpaguer par ceux qui proposent de porter les valises moyennant argent. Je leur dis que je n’ai pas besoin d’aide ce qui est très peu crédible quand on me voit me battre pour trouver un moyen de porter mes deux valises et mon sac seule. 2e coup de stress quand je ne vois personne avec un panneau « Caroline M. », ne sachant pas qui vient me chercher exactement. Finalement, à ma sortie, je retrouve immédiatement Soeur M.-L. et nous prenons la voiture avec Soso qui sera notre « chauffeur » direction Jacmel.

Il y a vraiment beaucoup de monde à Port-au-Prince. On se sent rapidement à l’étroit là-bas et il y fait très chaud ! Il y a encore beaucoup d’abri de fortune suite au séisme. La reconstruction de la ville est lente visiblement. J’ai aussi remarqué beaucoup de bâtiment d’ONG comme Médecins Sans Frontière par exemple, ce qui montre bien que la situation n’a pas beaucoup évolué dans la capitale.

 

Une escale à Jacmel et les Rest’ avec

Ma destination finale est Montagne Lavoûte, mais il est trop tard pour faire le chemin Jacmel-Lavoûte car la nuit est tombée. De plus, la voiture des soeurs de Jacmel n’est pas assez puissante pour résister à la route jusque dans la montagne. Je passe donc la nuit avec les soeurs de Jacmel qui sont très gentilles. Elles m’expliquent un peu leur travail ici. Leur maison est en hauteur et il y a une grande pièce en bas dans laquelle certains enfants viennent apprendre les bases nécessaires pour rentrer à l’école primaire. Ce sont, pour la plupart, des Rest’avec. Les Rest’avec sont des enfants que leurs parents « confient » à une famille. L’enfant devient le domestique de la famille, en échange, celle-ci s’engage à le scolariser. Cela n’est malheureusement pas toujours respecté. Le travail des soeurs consistent donc à veiller à donner des cours à ces enfants et pousser les familles « d’accueil » à poursuivre dans cette voie. L’accompagnement des couples et la visite des personnes malades font aussi partie de leurs actions.

 

Premiers pas dans ma mission

Le lendemain, un 4×4 m’amène à bon port. A Lavoûte, on est vraiment au milieu de la nature. Les gens me dévisagent beaucoup ici : des regards insistants, même pas discrets ! J’ai même eu le droit une fois à un petit « Gad’on blan ! » (Regardez, une blanche !!!). L’ironie du sort quand même vu que je ne suis pas du tout typée caucasienne, mais bon….

Les trois soeurs sur place ont trois activités distinctes : une dirige le centre préscolaire (la maternelle), l’autre l’école fondamentale (la primaire) et la dernière est infirmière et dirige le dispensaire.

Le mardi suivant mon arrivée, je visite l’école dans laquelle je vais travailler et je rencontre les professeurs. Ouverte depuis 2011, elle a commencé avec une classe de 1ère année fondamentale (AF) correspondant au CP et ouvre chaque année une nouvelle classe. Il y a donc à l’heure actuelle 4 classes de la 1ère à la 4ème AF. Les enfants n’ont cours que le matin de 7h30 à 13h (12h30 le vendredi).

Le rythme de la communauté des soeurs spiritaines dans laquelle je suis est le suivant :

5h30 : Laudes
6h15 : Messe à l’église de Lavoûte
7h15 : Petit déjeuner
7h30 : Début des cours de l’école primaire

13h00 : Fin des cours
13h30 : Repas du midi
14h30 : Sieste
Après-midi : Activités diverses
18h30 : Vêpres
19h15 : Diner

Le reste de la journée dépend des activités prévues. Sr Chardelle qui travaille au dispensaire a une journée complète. Sr Alice et Sr Grace qui gèrent le centre préscolaire et l’école primaire respectivement, font les comptes, visitent les habitants de la commune, …

Pour ma part, deux jours par semaine, je donne des cours de français et d’anglais à l’école nationale qui correspondrait à nos écoles publiques. Ma première journée de cours d’anglais là-bas a été assez stressante pour moi. Je ne m’attendais pas à voir des classes aussi chargées avec des tranches d’âge aussi élevées. L’école n’étant pas obligatoire certaines personnes entrent en primaire très tard. Cela montre aussi une vraie volonté de la part de certains élèves de vouloir apprendre. Ma classe de 6e compte environ 60 élèves de 11 à 23 ans et ma classe de 5e, 45 élèves environ de 12 à 25 ans. Autant dire qu’avec ce genre d’effectif, les bavardages deviennent vite gênants. Suite à mon premier jour, j’ai perdu ma voix… La vie de professeur n’est pas de tout repos ! Mais globalement, les élèves sont assez attentifs.

En toute honnêteté, pour le moment, je n’ai pas assisté à la prière du matin ou à la messe de 6h. Nous verrons par la suite si j’aurais le courage de me lever pendant mon séjour. Je dis bien « me lever » et pas « me réveiller » car je ne dors qu’à moitié. Les coqs des alentours se chargent bien de me dire quand il est 6h du matin, impossible de garder l’œil fermé… ou peut-être avec l’habitude.

Pour mon premier week-end, nous sommes toutes descendues à Jacmel pour une petite matinée à la plage. La mer est claire et chaude et le soleil est au rendez-vous. Nous n’y sommes restées que quelques heures : une petite heure de baignade et le temps du déjeuner. Temps suffisant tout de même pour que j’attrape un coup de soleil ! (…)

Voilà pour le début de ma petite aventure. Je donnerai d’autres nouvelles d’ici quelques semaines, l’accès à internet étant un peu compliqué ici.

                                                                                                                                                                                                                    Caroline, octobre 2014

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