Entretien avec Gaspard, de retour du Congo

Tu fermes les yeux : qu’est-ce qui t’a le plus marqué au niveau de mes sens physiques (vue, ouïe,  odeur, toucher, goûter) ? 

D’un point de vue de la vue, j’ai apprécié les beaux couchers de soleil sur la brousse congolaise. Mes  oreilles m’ont souvent appelé à rejoindre les enfants en train de crier au foot. Les odeurs sont celles  de la cuisine de Maman Albertine qui nous a préparé des bons plats congolais. Je me rappelle aussi des fois où j’ai préparé les pâtes à choux avec mes mains. Enfin, j’ai adoré manger que des plats  congolais pendant 2 mois et manger mes poissons pêchés.  

Qui as-tu vraiment rencontré pendant ce temps ?  

Deux mois sont une période courte ou je n’ai pas pu rencontrer profondément les enfants.  Cependant, je relève une affinité spéciale avec les enfants tels que Frid, Franck, Christ, Obène, et  Junior. J’ai su apprécier les moments avec Florine et Marie-Aude, qui sont deux volontaires de la DCC.  J’ai aussi créé une amitié avec les 3 abbés et le séminariste de la paroisse. 

Qu’as-tu appris sur toi pendant cette expérience ?  

Durant cette expérience, j’ai appris à m’adapter et à grandir en ouverture d’esprit. Par exemple, il est  vrai que, au début, pour moi la messe congolaise était difficile, mais j’ai réussi à me focaliser sur le  Christ. J’ai compris leurs façons à eux d’être en communion avec Jésus. J’ai aussi découvert un attrait  pour le partage.  

Quels liens as-tu créé avec les prêtres, avec les volontaires, avec les villageois ? Qu’est ce qui t’a  aidé à les rencontrer en vérité ? 

Avec les prêtres, j’ai vécu des moments courts et forts. J’ai passé au final peu de temps avec eux, mais  des moments intenses d’évangélisation par exemple. On peut parler d’un lien d’amitié avec le Christ.  Avec Florine et Marie-Aude, nous avons vécu de bons moments de détente, et même de festivité.  Lors de mes promenades dans le village, je m’arrêtais de dire bonjour à ceux que je croisais  régulièrement. Il s’agit d’ici d’un petit lien. Cependant, avec les enfants, j’ai vécu un beau lien de  fraternité. En effet, au début, il m’appelait « Papa » ce qui veut dire « Monsieur », et au fil du temps,  ils m’ont appelé « YaYa » qui veut dire « grand frère ». Cette appellation montre la proximité que j’ai  eue avec eux. J’ai pu rencontrer les prêtres et les enfants en vérité de par les circonstances et les  beaux moments vécus ensemble au nom de Notre-Seigneur.  

Comment as-tu vécu la vie communautaire ?  

J’ai adoré la vie en communauté avec mes petites sœurs et mes petits frères. J’ai apprécié aussi les  moments simples comme le chemin de l’Église ou la prière.  

Quels furent les moments les plus forts en émotion de ce séjour ?  

J’ai vécu des très beaux moments à la pêche et aux foots. Je relève aussi les week-ends avec les  prêtres où j’ai partagé leur quotidien. Mais je pense que les moments les plus simples avec les enfants  sont ceux qui m’ont rempli le plus de joie.  

Les moments les plus difficiles… et mêmes éprouvants ?  

Je n’ai pas vécu de moment difficile mise à part les derniers jours avant de partir ou j’ai été malade et  fatigué. J’ai fait un test du paludisme et puis j’ai appris, de nouveau, le décès d’un de mes oncles en  montagne. Ce fut douloureux d’être loin, mais je rentrais dans les prochains jours donc cela n’a pas  été très difficile. J’étais aussi avec les prêtres qui m’ont accompagné dans leurs prières et avec la  messe. 

Qu’as tu aimé accomplir dans ta mission ?  

J’ai aimé rendre service même si ce que j’ai fait n’était pas d’une utilité vitale à l’association et aux  enfants. J’ai fait des choses simples que j’ai su apprécier, car je les ai faites pour les autres. Le contact  avec les enfants était aussi la chose qui me donnait le sourire et la joie.  

Quels fruits et difficultés ressortent de ton volontariat sur le plan spirituel ? Comment Dieu t’a  rencontré ? 

Changer de mode de vie facilite le changement d’habitude. J’ai pu davantage prier pour recevoir la  force d’être gentil et plein d’énergie pour la journée. Je relève aussi que les messes que j’ai vécues  m’ont permis de me focaliser sur la présence réelle. Cette focalisation m’a aidé à préparer mes  communions et de les vivre dignement. J’ai aussi eu le temps pour prier le chapelet et la liturgie des  heures. C’est dans ces moments-là que je pense avoir rencontré Dieu. De plus, je pense aussi que les  rencontres que j’ai eu m’ont rapproché de Lui. 

Qu’est ce qui te reste le plus au cœur ?  

Je pense que ce sont les choses simples de la vie. Le soleil et le retour de l’électricité sont des joies  alors que pour nous, ce sont des choses normales. J’ai beaucoup aimé ce retour à juste ce dont j’ai  besoin. Je n’ai manqué de rien et j’avais juste ce qu’il me fallait. La joie des enfants était aussi un beau  témoignage de vie vu qu’une partie d’entre eux sont orphelins. Aussi, j’ai vraiment senti ce que veut  dire « accueillir ». Certaines familles peuvent se priver de nourriture le soir pour te donner à manger  le midi. Je trouve ça admirable et fou de notre point de vue occidentale, mais qu’est-ce que c’est  beau!  

Pourquoi aurais-tu envie de dire le plus « Merci » à Dieu ? 

Merci mon Dieu car j’ai eu des moments privilégiés avec l’humanité. Des moments de fraternité qui  se font de plus en plus rare en ville dans notre société moderne. J’ai vu que la ferveur de la foi était propre à chacun de nous et différentes. Merci mon Dieu car j’ai eu des moments intimes avec Toi. Ces  moments sont des sentiments d’union qui j’espère ne me quitteront pas.  

Gaspard, de retour du Congo, septembre 2024