Camille, de retour de l’île Maurice

Quels mots pour vous raconter mes 3 mois de volontariat AMOS sur l’île Maurice ? Voici une question bien difficile, tant l’expérience a été riche.


Changement de cap : d’Inde à l’île Maurice 

Revenons au début : en décembre 2021, fraîchement diplômée d’une école de commerce, la perspective d’une CDI bien confortable à Paname pour faire un burn-out à 40 ans, minée par un travail déconnecté du réel, ne me réjouissait que peu. Des rêves d’ailleurs plein la tête et convaincue que quitte à vivre sa vie qu’une fois, autant la vivre bien, je me mets, avant même la fin de mes études, à farfouiller frénétiquement en quête d’une association catholique envoyant des jeunes en volontariat. J’avais déjà travaillé pour des associations en France mais j’avais besoin d’un défi plus ambitieux pour m’extirper de cette bulle artificielle que m’offrait le monde occidental. C’est donc dans cette perspective et bien sûr, animée d’un fervent désir de faire bouger les choses, que j’ai contacté AMOS. Estelle Grenon, coordinatrice, écoute mes élucubrations avec patience : mon amour de la découverte, mon désespoir pour le bilan carbone désastreux que cela engendre, mon attrait inexplicable pour l’Inde, ma volonté de travailler avec des femmes. Après plusieurs entretiens pour comprendre en profondeur mes motivations, et accessoirement, voir à quoi diantre je pourrais bien être utile là-bas, la résolution tombe : je pars trois mois chez les Sœurs Franciscaines à Pondichéry pour travailler dans un dispensaire… Mais c’était sans compter le Covid, et après un mois interminable à attendre infructueusement mon visa, Mme Grenon m’annonce une nouvelle destination : cela sera Maurice ! Cinq jours et beaucoup d’abandon à la Providence plus tard, me voici dans l’avion. J’atterris au couvent des Sœurs Filles de Marie à Rose Hill.


De la Caritas aux bidonvilles de Rodrigue

Mes missions étaient diverses : j’aidais là où il y avait besoin. J’ai notamment beaucoup travaillé pour Caritas, qui gérait une crèche pour enfants défavorisés. J’étais chargée de réaliser un audit pour cette crèche, afin d’analyser les dysfonctionnements et proposer des solutions. Je menais aussi des activités au sein du camp Rodrigue, un bidonville peu connu des Mauriciens eux-mêmes, dans lequel s’entassent des centaines de familles vivant dans le dénuement le plus extrême. Nous emmenons les enfants pour des sorties au Mcdo (un réel luxe ici) ou au parc d’attraction, et nous visitions les familles pour les accompagner dans leurs besoins au quotidien. Ma formation en école de commerce m’a aussi servi à Maurice : je devais par exemple, créer du contenu marketing pour engager notre audience (les paroissiens haha) afin d’encourager les dons pour nos diverses actions caritatives (salons de l’emploi, distribution de colis alimentaires, formations..). Mais au-delà du faire, je garde de cette expérience beaucoup de vécu. Vivre au sein de la société mauricienne était très stimulant : c’est une société plurielle, extrêmement multiculturelle composée de culture indienne, chinoise, créole, et même française ! J’ai appris à connaître la communauté spiritaine de Maurice, ce qui était passionnant. Partager le quotidien des sœurs et participer aux offices a également été la source d’immenses grâces spirituelles. J’ai créé de forts liens avec elles, au point qu’elles me surnommaient toutes leur « petite sœur » !


Émerveillement devant la nature luxuriante de Maurice et gratitude aux mauriciens

Au cours de ce volontariat, j’ai rencontré de nombreuses personnes incroyables, parmi lesquelles deux volontaires MEP (Missions Etrangères de Paris), Jeanne et Blandine, venues servir « Dieu, l’Eglise et notre prochain ». Les week-end, nous faisons de superbes excursions dans les montagnes ou les cascades environnantes, la nature à Maurice est un véritable joyau luxuriant !

En conclusion, je suis très reconnaissante aux Mauriciens pour leur accueil chaleureux, leur amitié et leur confiance (j’étais toujours invitée partout, et je me faisais servir, moi qui était venue POUR servir !). Je rends grâce pour toutes les merveilleuses personnes que j’ai rencontré et qui s’engagent de manière courageuse et désintéressée. Elles sont la lumière du monde et des exemples vivants pour notre génération en recherche. Je remercie de tout cœur la communauté spiritaine qui a rendu ce volontariat possible, et en particulier Estelle pour ses conseils, son efficacité et sa présence tout au long de ce projet.Si je devais donner deux conseils aux jeunes qui hésitent encore : foncez, la Providence pourvoira et « tais-toi et écoute », comme m’avait conseillé Landry, spiritain avant le départ !