Amour de la fête et souhait d’une paix durable au Congo

Après un BTS de commerce international, Ombeline (22 ans) projette de se former dans l’action humanitaire. Elle nous partage ici la mission et les découvertes à Pointe-Noire : le dépaysement, le climat post-électoral, le service à la crèche des Spiritaines, les autres activités, les découvertes de la vie de communauté et de la vie à Pointe-Noire.

Ombeline est partie début Avril pour Pointe Noire, pour laisser passer la période des élections au Congo, parfois un peu agitées à Brazzaville. Elle raconte :

« Mon arrivée à Pointe Noire s’est bien déroulée : 43°, une forte humidité et un très bon accueil par les Sœurs Spiritaines qui me logent. Je suis arrivée juste après les élections présidentielles qui ont chamboulé le pays et nécessité un temps de retour  à la normale. J’ai eu assez peur car il y a eu des tirs à Brazzaville mais heureusement rien à Pointe Noire. J’ai tout de même ressenti quelques tensions dans les rues. 

Attention, ce qui se passe sur place est souvent bien différent de ce que les médias européens annoncent ! »Elles habitent le quartier de Mvoumvou, à 10 minutes du grand marché. Les rues ne sont dans l’ensemble pas bétonnées, les maisons sont très rustres et peu d’entre elles ont l’eau courante. 

Néanmoins il ne s’agit pas du quartier le plus pauvre. Je n’ai pas croisé un seul européen depuis que je suis arrivée à par les deux sœurs françaises qui vivent avec moi! Pour être en immersion je ne pourrais pas l’être plus et le dépaysement est total! La chaleur est parfois difficile à supporter et fatigue plus rapidement le corps mais je commence à bien m’y habituer !

 Il suffit d’apprendre à vivre autrement, comme les Congolais en acceptant qu’on ne puisse pas faire autant de choses quand il fait très chaud et humide ! Il faut également rester patient et accepter les fréquentes coupures de courants, au minimum deux jours par semaine. L’omniprésence de déchets, le manque total d’assainissement des rues, la saleté et la pauvreté demandent elles aussi un temps d’adaptation. Les commentaires et interpellations des hommes dans la rue en raison de ma couleur de peau et de mon sexe ont été durs au début mais on s’y habitue comme le reste !

 La mission 

 « J’ai eu quatre jours d’acclimatation pour m’adapter à mon nouvel environnement avant de démarrer ma mission. Dès le lundi je me suis rendue à la crèche Eugénie un des trois établissements dont les sœurs sont responsables. J’y ai rencontré les petits (entre 9 mois et 1 an) et les yayas qui ont entre 1 an et un peu plus de 2 ans. Après quelques jours d’observation j’ai été chargée des yayas avec Maitresse Éminence. Durant la matinée, pendant 1h nous leur apprenons quelques comptines, nous leur posons des questions à partir d’images sur l’utilité d’objets du quotidien. Une crèche n’est pas une simple garderie : il faut prendre en compte chacun des enfants avec ses différences, arriver à les stimuler, les éveiller et les émerveiller et ce souvent avec des moyens simples. Ces enfants ont parfois des quotidiens durs et la crèche doit être un bon moyen pour eux  de s’évader. Par ailleurs, durant cette première semaine, j’ai beaucoup aidé à la préparation de la clôture du Jubilé d’Eugénie Caps (fondatrice de leur congrégation) organisée par les Sœurs. Cet évènement m’a permis de rencontrer et discuter avec de nombreux congolais. »

« Durant ma 2ème et ma 3ème semaines je me suis rendue à l’école tous les jours de 8h30 à 14h et j’ai commencé à donner des cours de Français à une sœur Nigérienne qui ne parle qu’Anglais. L’école Préscolaire Eugénie se trouve « à la ville » comme les Congolais disent. Il y a environ 80 élèves qui ont entre 3 et 6 ans. J’étais en charge de 50 enfants soit les P2 et les P3 avec une seule maitresse.
Celle responsable des P3 a eu un deuil dans sa famille et était donc absente. Les enfants ont cours le matin et l’après-midi sieste jusqu’à ce que les parents viennent les chercher. Nous avons organisé ensemble des activités à l’écrit et à l’oral, pré-maths et pré-écriture, apprentissages de chants et de comptines. Les matinées sont épuisantes car c’est un âge où les enfants sont très bruyants et sont parfois difficiles à stimuler et à calmer !

Suite à ces trois semaines je me suis vue attribuer un emploi du temps fixe avec une mission précise. Ceci me change de la Bulgarie ou mon rythme était plus flou…Je suis quatre jours par semaine à l’école de 8h30 à 14h et l’après-midi je donne 1H30 de cours de Français à Sister Kristiana. Chaque mercredi je passe la journée entière à la crèche.

Cette semaine j’ai également eu l’opportunité de passer un après-midi au centre pour jeunes filles mères dont est responsable S. Isabel qui camerounaise. Elle s’occupe de leur donner des cours de cuisine, d’alphabétisation et de couture mais aussi de savoir vivre. J’ai assisté et aidé pour un cours de cuisine. J’ai pu discuter avec les filles, c’était passionnant. »

 Découvertes

« Je participe aussi souvent au chapelet et aux vêpres avec les Sœurs. C’est un temps de calme et réflexion spirituelle dont je n’ai pas l’habitude mais qui fait beaucoup de bien. Le week-end, je me repose! J’en profite aussi pour faire mes lessives rien de bien passionnant je vous l’accorde mais qui dit pas d’eau courante dit laver tout son linge à la main! Le dimanche matin je vais à la messe avec les sœurs. Il y aurait plus de monde dans les églises en France si les messes étaient aussi vivantes qu’au Congo !! Les chants sont souvent en langues, il y a de nombreux instruments et ils frappent régulièrement dans leurs mains.

 

Le deuxième week-end de mon arrivée je me suis rendue dans la petite ville de Loango, quelques kilomètres de Pointe Noire. Quelques maisons, beaucoup de verdure et de magnifiques paysages. Il y avait une pluie diluvienne, tellement d’eau que certains enfants nageaient dans les rues de Pointe Noire ! Le week-end dernier j’ai rencontré une jeune femme Tchadienne de 27 ans qui est ingénieur et amie des sœurs. Nous sommes allées ensemble sur la côte sauvage. C’est là que je me suis rendue véritablement compte de la vitesse à double rythme du pays qui n’est malheureusement pas un cas isolé d’Afrique. Il y a le monde des expatriés qui travaillent pour des groupes comme Bolloré ou de grandes compagnies pétrolières et celui des Ponté-Négrins (Habitants de Pointe Noire). »

 

Tout m’a interpellé durant ce premier mois : 

 

La vie en communauté avec les sœurs qui sont très drôles, ouvertes et à l’écoute. 

Les couleurs des pagnes et l’élégance des femmes congolaises qui me fascinent. 

Les chants à la messe qui sont d’une gaité inouïe.

La notion du temps, bien différente que celle que nous avons en France.

La nourriture, plutôt riche mais très bonne, manioque, poisson, riz, bananes plantains,  poulet, oseilles… 

Pour les boissons, la bière,  Amaroula, vin de Palme, Bisap…

 

Les remarques des hommes.

 

Les pluies diluviennes qui sont encore assez fréquentes bien que la saison des pluies touche à sa fin.

La verdure et les paysages des alentours de Pointe Noire.

Le souhait d’une paix durable, très présente suite au traumatisme de la guerre civile très meurtrière dans les années 90.

La pauvreté et saleté des rues de Pointe Noire.

L’amour pour la fête des Ponté Négrins.