Émerveillements en Tanzanie
Ah je l’ai désiré ce temps de mission en Tanzanie… près de 9 mois à attendre d’être sûr, à attendre d’être attendu quelque part, et voilà que depuis mi-octobre 2016 je suis bel et bien là, à l’évêché de Samé, dans la région du Kilimanjaro, en tant que professeur de français dans une école primaire.
Oh mais qu’il s’est passé du temps avant que mes pieds ne touchent cette terre brûlée d’Afrique, et que mes yeux n’aient la chance de contempler ces plaines tantôt sèches et désertiques, tantôt cultivées à perte de vue, ces plaines bordées de collines, et ces villages pauvres dans les creux.
Deux belles heures de décalage horaire, mais combien plus entre nos cultures ? Si passer du rythme parisien à l’African time déstabilise, troquer le majestueux Trocadéro contre le très modeste Samé town décape.
D’abord très amusé par les mélanges culinaires farfelus de riz, de patates, de bananes et de pâtes dans une même assiette, j’avoue après déjà trois mois avoir bien apprécié la blague et me surprends à repenser de plus en plus fréquemment à notre Sainte Gastronomie française. Je devrais lui faire une neuvaine à celle-là, ou tout simplement proposer mes services en cuisine. Bon, je serais malhonnête si j’omettais de vous parler des délicieux chapatis (ces crèpes épaisses), des mangues savoureuses, des bananes invariablement bonnes, des pastèques toujours aussi juteuses et douces, d’un ugali parfaitement cuit qui vous réconciliera avec la vie d’ici (cette pâte, à base de maïs, que l’on malaxe dans la main pour faire une boule, et qui vous servira à saucer les légumes ou attraper le poisson), des épinards aux ognons quotidiens, des samossas de fête…
Et puis les paysages, mon Dieu, quels paysages ! Prenez un peu de hauteur, escaladez-moi ces montagnes, par ces bus fous qui vous conduisent aux sommets – à une allure inconsciente et pleins à craquer, et voyez-les verdir avec magie, sentez l’air se rafraichir – votre estomac un peu secoué, certes, et la vue s’étendre dans l’infinie démesure… Aussi, comment ne pas en être estomaqués !
C’est alors qu’immergés dans une nature autrement généreuse, avec le bon teint de celui qui ne manque de rien, vous rencontrez l’extrême pauvreté humaine, et son visage marqué par la souffrance. C’est qu’elles se côtoient d’une manière étonnante, cette nature si riche et si belle, et cette humanité si pauvre, si dépouillée, si simple ! Et pourtant, c’est une humanité qui vous sourit contre toute souffrance, qui vous écoute avec une oreille dont vous avez peu l’habitude ! Comment ne pas se décrocher le cœur quand celui qui n’a rien vous accueille comme s’il avait tout, et vous qui avez tout, vous réalisez alors que vous n’avez rien !
visite de la famille de Fr Bernard selfie Mama Margret et moi
Joakim Aleni (mari de mama Margret) préparation d’ugali par Sr Marietha,
à Kafingiro sur la montagne et ses vaches petite soeur de St Francois